©itations

"Une lecture amusante est aussi utile à la santé que l'exercice du corps."
de Emmanuel Kant

"La lecture est une amitié."
de Marcel Proust

"La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté."
de François Mauriac

"Ça peut paraître bizarre mais je choisis mes livres aussi à la première de couverture,
si elle me plait, le livre a plus de chances de me plaire."
de Latifa Temimi

samedi 10 avril 2010

Réponse à Charles Grandet, Rédaction

RÉDACTION

Une petite rédaction dont vous me donnerez vos impressions...
D'abord le sujet : Répondre, sur les arguments de Charles Grandet, à sa lettre de rupture.
Voici la lettre de Charles, de Balzac :

Ma chère cousine,

vous apprendrez, je le crois, avec plaisir, le succès de mes entreprises. Vous m'avez porté bonheur, je suis revenu riche, et j'ai suivi les conseils de mon oncle, dont la mort et celle de ma tante viennent de m'être apprises par monsieur des Grassins. La mort de nos parents est dans la nature, et nous devons leur succéder. J'espère que vous êtes aujourd'hui consolée. Rien ne résiste au temps, je l'éprouve. Oui, ma chère cousine, malheureusement pour moi, le moment des illusions est passé. Que voulez-vous ! En voyageant à travers de nombreux pays, j'ai réfléchi sur la vie. D'enfant que j'étais au départ, je suis devenu homme au retour. Aujourd'hui, je pense à bien des choses auxquelles je ne songeais pas autrefois. Vous êtes libre, ma cousine, et je suis libre encore ; rien n'empêche, en apparence, la réalisation de nos petits projets ; mais j'ai trop de loyauté dans le caractère pour vous cacher la situation de mes affaires. Je n'ai point oublié que je ne m'appartiens pas ; je me suis toujours souvenu dans mes longues traversées du petit banc de bois où nous nous sommes juré de nous aimer toujours, du couloir, de la salle grise, de ma chambre en mansarde, et de la nuit où vous m'avez rendu, par votre délicate obligeance, mon avenir plus facile. Oui, ces souvenirs ont soutenu mon courage, et je me suis dit que vous pensiez toujours à moi comme je pensais souvent à vous, à l'heure convenue entre nous. Avez-vous bien regardé les nuages à neuf heures ? Oui, n'est-ce pas ? Aussi, ne veux-je pas trahir une amitié sacrée pour moi ; non, je ne dois point vous tromper. Il s'agit, en ce moment, pour moi, d'une alliance qui satisfait à toutes les idées que je me suis formées sur le mariage. L'amour, dans le mariage, est une chimère. Aujourd'hui mon expérience me dit qu'il faut obéir à toutes les lois sociales et réunir toutes les convenances voulues par le monde en se mariant. Or, déjà se trouve entre nous une différence d'âge qui, peut-être, influerait plus sur votre avenir, ma chère cousine, que sur le mien. Je ne vous parlerai ni de vos moeurs, ni de votre éducation, ni de vos habitudes, qui ne sont nullement en rapport avec la vie de Paris, et ne cadreraient sans doute point avec mes projets ultérieurs. Il entre dans mes plans de tenir un grand état de maison, de recevoir beaucoup de monde, et je crois me souvenir que vous aimez une vie douce et tranquille. Non, je serai plus franc, et veux vous faire arbitre de ma situation ; il vous appartient de la connaître, et vous avez le droit de la juger. Aujourd'hui je possède quatre-vingt mille livres de rentes. Cette fortune me permet de m'unir à la famille d'Aubrion, dont l'héritière, jeune personne de dix-neuf ans, m'apporte en mariage son nom, un titre, la place de gentilhomme honoraire de la chambre de Sa Majesté, et une position des plus brillantes. Je vous avouerai, ma chère cousine, que je n'aime pas le moins du monde mademoiselle d'Aubrion ; mais, par son alliance, j'assure à mes enfants une situation sociale dont un jour les avantages seront incalculables : de jour en jour, les idées monarchiques reprennent faveur. Donc, quelques années plus tard, mon fils, devenu marquis d'Aubrion, ayant un majorat de quarante mille livres de rente, pourra prendre dans l'Etat telle place qu'il lui conviendra de choisir. Nous nous devons à nos enfants. Vous voyez, ma cousine, avec quelle bonne foi je vous expose l'état de mon coeur, de mes espérances et de ma fortune. Il est possible que de votre côté vous ayez oublié nos enfantillages après sept années d'absence ; mais moi, je n'ai oublié ni votre indulgence, ni mes paroles ; je me souviens de toutes, même des plus légèrement données, et auxquelles un jeune homme moins consciencieux que je ne le suis, ayant un coeur moins jeune et moins probe, ne songerait même pas. En vous disant que je ne pense qu'à faire un mariage de convenance, et que je me souviens encore de nos amours d'enfant, n'est-ce pas me mettre entièrement à votre discrétion, vous rendre maîtresse de mon sort, et vous dire que, s'il faut renoncer à mes ambitions sociales, je me contenterai volontiers de ce simple et pur bonheur duquel vous m'avez offert de si touchantes images...

Votre dévoué cousin, Charles.


Voici ma réponse :

Mon cher « dévoué » cousin Charles,

Le temps est passé,
Et je vous ai malheureusement porté bonheur,
Car sans vous mon cœur adorateur
Est anéanti à tout jamais.

Le temps est passé,
Et depuis toujours
J’éprouve, pour vous, un immense amour,
Mais vous m’avez abandonnée.

Le temps est passé,
Et mon dévouement était grand,
Les sentiments étaient fervents,
Mais tout cela s’est envolé.

Le temps est passé,
Et j’ai cru,
Et j’ai voulu,
À moi que vous pensiez.

Le temps est passé,
Et j’aurais aimé croire
Que vous ne m’eussiez pas dit d’histoire
En m’écrivant que vous vouliez me délaisser.

Le temps est passé,
Et vous me projetez vos rêves, vos envies
Sans vous soucier de ma mélancolie
Mais je comprends, vous avancez…

Le temps est passé,
Et maintenant vous devenez avaricieux,
Vous voulez le mieux,
Et jusqu'à nous, vous préférez renoncer.

Le temps est passé,
Et mes parents ne sont plus là,
Je ne mentirai pas,
La temps m’a offert une vie aisée.

Le temps est passé,
Et ne regrettez point votre décision,
Je met également fin à notre relation,
Je m’en vais…

Eugénie, Éplorée à jamais